poétique …
Histoire de plumes et de déjeuner sur l’herbe
Où? Quand? Comment, un nouveau « Déjeuner sur l’herbe » ? Cela manquait à mon tableau de chasse… Après plus de 900 billets culturels pour le Réseau Arts et Lettres… dont un, au tout début de cette seconde vie d’artiste qui est la mienne, à propos d’un délicieux petit restaurant vietnamien aujourd’hui disparu, à deux pas d’une célèbre Galerie d’art où veilla pendant des années un galant homme de lettres, qui, manquant d’espace, finit par établir son quartier général loin de la mythique rue Lesbroussart : A L’Espace Art Gallery rue de Laeken, 1000 Bruxelles, nouveau lieu de rencontres dirigé par l’aimable Jerry Delfosse.
Et voici, que la semaine dernière, dans ce poétique quartier des étangs d’Ixelles, mais en plein milieu de chaotiques ravalements de trottoirs, de monceaux de nouveaux pavés dans la mare, à une encablure d’un parking souterrain qui affiche régulièrement « complet sauf aux abonnés » et affiche « fermé » dès que tombe la neige ou la pluie… A un saut de puce vous dis-je du parvis d’une sainte église de la Croix, au confluent du paquebot Flagey où viennent de voguer en février les somptueux Piano Days – on vous en a soufflé mot – voici pour les lecteurs qui n’ont pas perdu patience, un billet à plumes. Ne vous en déplaise, un billet de derrière les fagots, à propos d’un événement propre à briser les ailes d’anges de tous les puritains et puritaines qui s’offusquent du plaisir. Le spectacle se nomme « Sassy », du nom d’un cabaret qui n’a pas froid aux yeux, ni au cœur ni aux corps.

Elles sont cinq complices fabuleuses, qui content la vie avec le corps, et murmurent les temps qui courent. Dès l’entrée de jeu, voilà trois Grâces à peine vêtues de déshabillés de soie et portant des maquillages à faire frémir Cléopâtre de jalousie.
C’est elles qui donneront le ‘ la’ à un spectacle plein de surprises. Chacune évoluant dans ce premier numéro, sur une chaise pure et dure. Envoyez la musique. Un petit avant-goût éloquent avant que la présentatrice, œuvrant avec charme comme master of ceremonies, ne prévienne l’assistance du bien-fondé de la poésie et de l’érotisme ou, vice versa. Personne ne quitte les lieux, subjugué.
Un envoûtement préparé avec soin? Oui, l’humour bien placé vous guette à chaque tournant de cette vertigineuse odyssée intime. C’est léger et profond à la fois, comme la légèreté de l’être, c’est tantôt, volcanique, battant d’érotisme, tantôt parfumé d’onirisme, tantôt convaincant de vérité, nue, bien sûr. Pour la jeune génération, c’est bruyant à souhait pour cacher les vulnérabilités. C’est tourneboulant, savamment proposé, intelligemment articulé. Aussi, le public s’affole et siffle de ravissement tout au long de l’exercice de style. Raymond Queneau où es-tu? De fait, on se retrouve sans voix devant l’audace, le fond la forme la puissance et l’énergie gymnaste des demoiselles. Pardon, on a sorti ce terme de la langue française… Elles manient aussi, avec brio, la parodie d’une humanité en proie au cynisme le plus effrayant, et si tragique.
Courrez-y, l’an prochain, on vous le conseille, cela se passe chaque année au théâtre littéraire de la Clarencière, 20 rue du Réverbère… Pardon, du Belvédère. À Ixelles. What else? Garanti sans vannes graveleuses.
Bons baisers de la rédaction.
Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour Arts et Lettres
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