Anna Renouprez : Des vocalises qui tombent ….du Ciel de Paris !
« Callas, il était une voix » création mondiale, était créé par la soprano verviétoise le 19 septembre 2017 à l’Atelier Jean Vilar de Louvain-la-Neuve, au théâtre le Blocry , en première de saison. Elle rendrait un hommage vibrant à la vie passionnée de la légendaire diva Maria Callas. Dépouillée, enjouée, virevoltante et dramatique, la mise en scène créative et fantomatique très habile était signée Patrick Brüll. Facile… avec une artiste aussi envoûtante sous la main !
Soprano, actrice et auteure, Anna Renouprez est diplômée des Conservatoires Royaux de Bruxelles et de Mons et de l’Opéra studio des Flandres. Et si on revivait une époque… cent ans après ? En 2020, elle écrit et compose un spectacle de chansons naturalistes, Zola es-tu là ? Ou est-ce le Gavroche de Hugo qui coud le fil des chansons? C’est une petite main, certes, une blanchisseuse qui bosse come une bête et qui déroule son destin parisien devant les yeux ébahis de spectateurs du 21e siècle. A vrai dire, le public est loin d’avoir oublié les romances délurées des années … 50 ! Quelle époustouflante richesse de vocabulaire dans chacune d’elles, quelle tension dramatique, quels effets tragi-comiques! Mais surtout : quelle générosité de cœur, quelle habileté à rebondir au plus noir de la misère : « J’avais 10 ans quand ma mère est morte… ! ». Le one woman show est prêt à démarrer. « La Fille qui chantait la nuit » recueille tout un héritage: les souvenirs du Paris coquinet et la vie nocturne secrète chantée par Dutronc :
La Tour Eiffel a froid aux pieds.
L’Arc De Triomphe est rallumé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée.
Il est cinq heures….
L’infatigable Anna, croix en or autour du cou et ongles rouges parfaits, ne ferme pas l’œil, elle campe sur des charbons ardents du spectacle avec la fureur de vivre et le sens de la répartie. « L’habitude de la mistoufle, ça s’apprend pas d’un coup ! » Sa langue fleurie sans la moindre trace verviétoise fascine et se pique de ressusciter le verbe pittoresque, mort et enterré par nos tristes contemporains. Elle possède de bout en bout cet argot jovial, ce langage dégourdi et imagé que le titi parisien accrochait aux escaliers de la Butte. Dans sa vie, au plus noir, il y a eu Charlotte, Fredo, le toquard de Pigalle,… et une suite d’ardentes aventures jusqu’à la consécration de la chanson. « En haut d’la rue saint-Vincent, un poète et une inconnue » chante-t-elle. Elle fait les deux, sous le regard trop pâle de la lune. « Voilà l’ travail » murmurent les musiciens, deux frangins accordéonistes de haut vol: David & Lionel Maulus, des fous de la boite à frissons, des accros aux harmoniques et à la bonne humeur. Les percussions au maillet ou au pinceau sont aussi de la partie, et même les glissandi fantomatiques d’une antique et tremblante scie musicale, voyez-vous ça ! Le contrebassiste Patrick Vassort imprime les pulsations fidèles au texte et veille à la distribution des émotions. Et puis, coup de dés dans le hasard – il n’y a pas de hasard – il y a cette surprise musicale que l’on ne vous dévoilera pas ! La mise en scène est confiée à Gabriel Alloing, (le même qui avait fait « Viva, Vivaldi » ) et le meilleur allié sans doute de Maurice, ce porte-bonheur solitaire, amoureux du Volvic, coutumier, dit-on, des scènes internationales.
Anna sculpte les émotions, capte les regards, infuse le sourire dans les yeux, et quelques larmes aussi autour des tristes pièges de la nuit « c’est tant pis quand le pli est pris » . Elle en profite pour lancer un «# metoo» avec quelques décennies d’avance avec la chanson « Je vous déteste les hommes » (1941). Elle se met en colère, se meurt d’amour, et c’est un peu la grande Edith qui reprendrait vie. C’est une salle entière qui retrouve l’envie de chanter elle aussi. A l’amour, à la vie : Anna est la résilience personnifiée.
Un oubli : ne pas vous avoir dit que cela se jouait deux soirs, selon les strictes normes sanitaires en vigueur, aux écuries de la Ferme du Biereau à Louvain-la Neuve . Une chance: iil y a toujours leur CD !
Dominique-hélène Lemaire pour Arts et Lettres
Infos et réservations https://laferme.be/agenda/la-fille-qui-chantait-la-nuit-21
Une fantaisie stupéfiante sur fond de chansons réalistes et d’accordéons …
Une fille surgit de l’obscurité pour nous conter et nous chanter la réalité des femmes dans le Paris canaille de la première moitié du XXe siècle. Un voyage nostalgique entre amours déçues, ribouldingues et galères du pavé, de « La Java bleue » à « Mon amant de Saint-Jean » en passant par les escaliers de la butte. Embarquez pour une plongée hallucinée dans les nuits de la ville lumière où, même quand « Tout fout le camp », on vit toujours « La romance de Paris ».
COVID SAFE TICKET
Hors abo. : 15€ (tarif plein) /13€ (+60 ans) / 9€ (-26 ans) Abonnement : 13€ (tarif plein) / 11€ (+60 ans) / 8€ (-26 ans)
Les Voussettes (écuries) / Concert assis