Rêve et réalité. Au théâtre du Parc: 6 minutes d’ovation le jour de la première, pour applaudir à tout rompre un splendide tour de force artistique, inscrit dans une somptueuse et vertigineuse mise en abîme. Du tout grand art de correspondances. Mise en scène, la talentueuse Daphne D’Heur, une joyeuse habituée des planches du Parc.
Quel décor! Mêlant la poésie de l’arbre de vie, les cordages marins d’un grand orgue et les balcons dorés d’un théâtre, voilà tout en haut, le grenier où l’on rêve, la plume blanche à la main, assis sur un nuage! Faisant fi de toute contingence matérielle. Il ose, cet Heureux homme, aussi libre que ses amis, les nuages…

Or, nous sommes au cœur du Théâtre auf der Wieden, également appelé Freihaus-Theater (joli nom! ) , situé dans le quartier de la banlieue Wieden de Vienne à la fin du XVIIIe siècle. De 1787 à 1801 il est le lieu de la création de pas moins de 350 œuvres théâtrales, dont la plus célèbre fut l’opéra de Mozart: La Flûte enchantée (1791). Pendant la plus grande partie de cette période, le directeur du théâtre était Emanuel Schikaneder, acteur, chanteur, metteur en scène, poète et directeur à la fois, librettiste et impresario de La Flûte enchantée. Mais, là, ce soir, rien ne va plus dans le théâtre. On est à deux mois de la première du Singspiel – en allemand ! – une première… Et toujours pas de partitions… « Pas de partition, pas de spectacle! Pas de spectacle, pas d’argent qui rentre! Pas d’argent qui rentre, pas de théâtre! Donc, QU’ON ME RETROUVE MOZART!!! » Il est joué avec une ardeur de Capitaine Flamme par Fabian Finkels, héroïque figure du Parc, que les enfants reconnaissent infailliblement à travers tous ses rôles! Mais MOZART… échappe à toutes les contraintes! Il compose en même temps que La flûte son Requiem et La Clémence de Titus et n’est jamais là où l’on l’attend.
Everything under control? La hantise du siècle! En plein cœur de ce parallèle moderne… il faut bien que l’on exorcise le mal… Écrite par Laure Tourneur, la pièce, on la dirait taillée sur mesures pour Thierry Debroux, à la fois librettiste acharné et directeur de théâtre. Frappé par la passion d’écriture et de transmission, mais aussi, chargé de ce versant moins drôle sans doute : la gestion des affaires quotidiennes de son théâtre. La gestion d’une institution qui a dû affronter les tempêtes de la pandémie, annuler des spectacles clé sur porte, soutenir le moral d’artistes déboussolés et à deux doigts de la crise de nerfs ou de la faillite, et pourtant, garder en toute circonstance un bienveillant sourire face à tous, de l’éclairagiste à l’habitué des lieux qui vient masqué, désinfecté, garanti vacciné et tenu à la sacro-sainte distanciation médicale. (Disons que… sociale… c’est décidément trop triste! On se demande qui a pu inventé une telle appellation…) Et par dessus le marché, humainement parlant, il lui incombe aussi la gestion des états d’âme ou de santé de sa troupe… car, depuis plus de dix ans maintenant, n’a-t-il pas recréé au cœur de Bruxelles un véritable foyer théâtral? Brûlant d’innovation de lien et de sens ? C’est si beau, le flambeau de lumière dans la nuit!
Et voici le processus de création de La flûte enchantée, analysé sur toutes les coutures. C’est ainsi qu’à partir d’un simple bâton, de bois bien sûr, surgit toute une écriture, une écriture de flûte, enchantée bien sûr, parmi un florilège d’airs de Mozart, prince des lumières. Flûte et carillon s’entendent pour défier la Nuit noire. Noire, notre époque privée d’étoiles pendant tans de mois, plongée dans le feu de la pandémie qui mit au tapis la terre entière, et tenta de tuer raison et sagesse. Et enfin le théâtre renaît, comme un phénix de ses cendres, avec la plus belle des musiques sous les doigts d’une fée musicale Julie Delbart. Le public est enchanté par la musique de cet antique piano côté cour, et celui des voix côté jardin. Il y a des morceaux de choix: Ach ich fûl’s (Héloïse Poulet), le Lacrimosa du Requiem interprété par le trio Zoé Gosset, Héloïse Poulet et Etienne de Bénazé, L’Aria de Suzanne extrait des Noces de Figaro (Héloïse Poulet), et bien sûr le formidable aria de la reine de la nuit: O Zittre nicht, mein lieber Sohn! ( Zoé Gosset)

L’oiseau extraordinaire sera vêtu des plus belles plumes que l’on eut pu trouver. Oiseau du paradis? En scène, pour interpréter l’insaisissable Mozart, le favori de la troupe, un Mozart de la scène, un kaléidoscope de fantaisie, de joie de vivre, de brillance, de liberté, de mouvement et d’humour : Maroine Amini. Tout comme Anouchka Vingtier dans son formidable rôle de Josepha belle sœur de Mozart, ce sont les grands fidèles de la troupe fracassante du Parc.
Mais encore plus noire, voilà que plane sur nous, l’ombre de cette nuit qui nous vient du temps des tsars qui n’a que faire du siècle des Lumières et qui sonne le terrible glas du souvenir de la guerre, nous étouffe et nous rend sans voix. Dies Irae.
Dominique-Hélène Lemaire (Deashelle pour le réseau Arts et Lettres)
» Beauty will save the world » Dostoïevski
UNE FLÛTE ENCHANTÉE
Avec le chaleureux message de Maroine Animi :
Le 3 mars 2022, la magie de la musique a envahi la salle du Théâtre Royal du Parc !
C’était la première d’ UNE FLÛTE ENCHANTEE !
Une pièce écrite par Laure Tourneur, accompagnée de la dramaturge Hélène Catsaras,
mise en scène par Daphne D’Heur, assistée d’Antoine Motte dit Falisse.
Nous attendions ça depuis plus d’un an à cause de la terrible fermeture forcée des théâtres survenue en 2020.
L’aventure est enfin lancée avec succès et…
nous jouons jusqu’au 2 avril 2022 au Théâtre Royal du Parc,
du mardi au samedi à 20h15 et les dimanches à 15h.
….J’ai l’honneur et l’immense plaisir d’interpréter le magnifique rôle de Mozart.
Mais pour incarner toute la fantaisie, le génie et l’inspiration infinie de ce personnage qui me tient fort à cœur, deux autres têtes sont indispensables : la virtuose pianiste Julie Delbart et la talentueuse chorégraphe qui libère les corps, Emmanuelle Lamberts.
Tous les soirs, le Théâtre Royal du Parc se fond dans le théâtre populaire de Schikaneder des faubourgs de Vienne grâce à une splendide et subtile scénographie signée Anne Guilleray et aux costumes flamboyants de Chandra Vellut.
Les voix incroyables des chanteurs et chanteuses lyriques Zoé Gosset, Héloïse Poulet, Etienne de Bénazé invitent l’opéra au théâtre. Une expérience inédite !
J’ai la chance de jouer tous les soirs avec une équipe incroyable d’acteurs et actrices : Cindy Besson, Fabian Finkels, Petra Urbànyi, Valentin Vanstechelman, Anouchka Vingtier…
et une équipe d’adolescent.e.s qui jouent en alternance : Dario Delbushaye, Andrei Costa ou Issaïah Fiszman, Ava Debroux, Martin Georges ou Daphné Savelli, Selma Jones, Laetitia Jous ou Babette Verbeek.
Toute cette belle troupe brille sur le plateau grâce aux magnifiques lumières de Philippe Catalano, ainsi qu’aux somptueux maquillages et coiffures de Florence Jasselette.
Pour que les notes et les voix s’évadent chaque soir avec liberté, il fallait le travail du directeur musical Pascal Charpentier et du coach vocal Antoni Sykopoulos.
Merci à toute cette équipe formidable qui comptent encore d’autres nombreuses personnes : les régisseurs et régisseuses plateau, les régisseurs lumière et son, les maquilleuses, costumières, et habilleuses, ainsi que les personnes qui travaillent au bureau du théâtre, sans oublier le directeur Thierry Debroux. Toutes ces personnes ont permis à ce spectacle d’être un franc succès !
Et ce n’est que le début de l’aventure…
Il ne tient plus qu’à vous de venir la vivre avec nous et de vous laisser envahir par la magie de la musique de Wolfgang Amadeus Mozart !
Réservez vite par téléphone : 02.505.30.30 ou sur le site https://bit.ly/TRP-BILLETERIE
Les places se font rares !
Au plaisir de vous y voir!